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Plume et Kalam - Abdelkarim Belkassem
19 octobre 2023

Tamar et Mahmoud

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A la mémoire des Palestiniens et Israéliens tombés sous les bombes. 
Je continuerai à humaniser même l’ennemi. 
                                                                              MD
Rita, la jeune Israélienne dont était amoureux le grand poète palestinien Mahmoud Darwich... 
Les deux héros ont franchi  la barrière qui sépare les destins de leurs peuples ennemis, dans le bienheureux état limite que constitue la passion : elle est israélienne, il est palestinien. Ils se rencontrent à New York, puis elle rentre à Tel-Aviv et lui à Ramallah.

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Mahmoud Darwich et Tamar Ben Ami - le véritable nom de Rita-1966

Mahmoud Darwich est l’un des grands poètes du 20ème siècle. 

Né en 1941 dans le village d’Al-Birweh en Galilée, sa famille a fui au Liban en 1941 quand son village a été rasé par l’armée israélienne pendant la Nakba. 

Un an après la destruction d’Al-Birweh, la famille est retournée en Israël, trop tard pour être reconnus comme Arabes israéliens. Son père, autrefois prospère, devient un ouvrier agricole.

Darwich récite son premier poème à l’âge de8 ans et, à 17 ans, il se fait connaître en tant que poète très politique écrivant en Arabe classique et principalement intéressé par la Nakba.

A 20 ans, inspiré par une nouvelle génération de poètes qui écrivaient en arabe, ainsi que par des poètes comme Arthur Rimbaud – adolescent de la Commune de Paris  Darwich commence à rompre avec les formes classiques.
Pendant presque 40 ans, il offre au monde une poésie abondante et brillante de grenades, colombes, gazelles, olives, sel, sang, amour, désir, Jérusalem, Damas, Andalousie, arbres, papillons, rivières, café, souvenirs, rêves, maison, fusils, tanks et deuil.

A 22 ans, il devient amoureux de Tamar Ben Ami, Juive communiste :

Le nom de Rita prenait dans ma bouche un goût de fête
Dans mon sang le corps de Rita était célébration de noces

Mais, bien sûr, cet amour est intolérable pour un État raciste : Entre Rita et mes yeux, un fusil. ريتا و البندقية

Darwich lui dédie ce poème chanté sur toutes les lèvres arabes et lui écrit au moment de la rupture, au confluent de l'histoire intime et collective : «Tamar, ma chérie, je frémis en moi d'être loin de toi non parce que je t'aime moins mais parce que je t'aime plus.»
Entre Rita et mes yeux, un fusil
Et celui qui connaît Rita se prosterne
Et adresse une prière
A la divinité qui rayonne dans ses yeux de miel
Moi, j’ai embrassé Rita
Quand elle était petite
Je me rappelle comment elle se colla contre moi
Et de sa plus belle tresse couvrit mon bras
Et moi, je me rappelle Rita
Ainsi qu’un moineau se rappelle son étang
Ah Rita!
Entre nous, mille oiseaux, mille images
D’innombrables rendez-vous
Criblés de balles par un fusil
Le nom de Rita prenait dans ma bouche un goût de fête
Le corps de Rita dans mon sang était célébration de noces
Et deux ans durant, je me suis perdu dans Rita
Et deux ans durant, Rita a dormi sur mon bras
Nous prêtâmes serment
autour du plus beau calice, nous brulâmes
dans le vin de (nos) lèvres
et nous ressuscitâmes.
Ah Rita!
Qu’est-ce qui aurait pu éloigner mes yeux des tiens,
Hormis le sommeil
et les nuages couleur de miel,
avant ce fusil ?
Il était une fois
Ô silence du crépuscule
Au matin, ma lune a émigré, loin
dans ces yeux couleur de miel
Et la ville
a balayé tous les aèdes…et Rita.
Entre Rita et mes yeux, un fusil.
 
A travers elle, Darwich, toujours très métaphorique, pleurait à la fois la femme et sa terre bafouée.
Gif du haut : 1962
Abdelkarim Belkassem 

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Photo Leonardo Cendama/ Getty images 2005- Turin 

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Commentaires
O
Je suis allée chercher plus de renseignements sur internet.<br /> <br /> J'ai trouvé Mahmoud, mais rien sur Tamar. <br /> <br /> Ce ne sont que ses écrits à lui qui font que l'on se souvienne d'elle.<br /> <br /> Dommage.
Répondre
C
J'aurais aimé qu'ils vivent leur amour sans la contrainte familiale et sociale tellement folle . Ils étaient de vrais messagers de paix . <br /> <br /> Bises
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