Mes livres mettent-elles la planète en danger ? # 3
3. Mon livre serait-il moins beau avec du papier recyclé ?
On le sait tous : en jeunesse, l’apparence du livre compte beaucoup. Mais est-on obligé d’utiliser des moyens polluants pour faire de beaux livres ? Doit-on jeter le papier recyclé aux oubliettes?
Moins blanc que blanc.
Si le papier blanchi est particulièrement polluant (le blanchiment reste l’étape la plus polluante de la fabrication de papier), beaucoup de maisons d’édition sont encore réticentes à utiliser un papier d’aspect légèrement grisé ou crème. Aujourd’hui, en France, seuls 2% des livres sont imprimés sur du papier recyclé, contre 24% aux États-Unis. Autant dire qu’on a une certaine marge de progression !
Mais nous n’avons pas, en France, assez de papetiers pour recycler l’intégralité des papiers graphiques. Les avantages du papier recyclé sont pourtant nombreux. D’une part, sa qualité s’est énormément améliorée et dans certains cas son apparence est très proche de celle du papier issu de fibres vierges. D’autre part, s’il n’est pas blanchi, son empreinte écologique est plus faible que la fabrication de papier neuf. À la fois parce qu’il préserve les forêts, parce qu’il nécessite moins d’eau et d’énergie pour l’extraction et la transformation de la matière première, et enfin parce que sa fabrication génère beaucoup moins de déchets. Bref, il est moins coûteux à produire .
Là encore il faut tout de même vérifier l’origine : un papier recyclé produit en Indonésie n’a guère d’intérêt au vu du transport nécessaire. S’il est parfois plus cher à l’achat, c’est à cause de sa sous-utilisation en France.
En 2013, seul 10% du papier imprimé a pu être recyclé et de nouveau exploité pour de l’impression. Le reste étant essentiellement capté par l’industrie internationale… du papier sanitaire !
Le revers de la médaille.
Bien sûr, il n’a pas que des avantages. Le papier ne peut se recycler, en moyenne, que cinq fois, car c’est de ses fibres que dépendent la qualité et la durée de sa conservation. Or, à chaque recyclage, les fibres se brisent un peu plus et finissent par être trop dégradées pour former une pâte à papier exploitable. Le papier recyclé se conserve moins longtemps que le papier issu de fibres vierges.
Mais il peut sans problème durer jusqu’à cinquante ans, ce qui n’est pas rien. Autre point problématique, la filière du papier recyclé passe par des grands groupes de recycleurs (Paprec, Veolia, GDE…) qui détiennent le quasi-monopole du marché et entretiennent de fait la politique de surproduction. Car pour que le recyclage soit rentable, il faut continuer à produire du déchet en masse !
Il arrive même que certaines imprimeries fassent venir du papier recyclé de l’autre bout du monde. Évidemment, il faut pouvoir comparer pour choisir le papier le plus écologique.
Demain la suite.
Abdelkarim Belkassem