Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Plume et Kalam - Abdelkarim Belkassem
30 mai 2023

Christophe Wargny

9782918856429_1_75

Un auteur de Notre-Dame de Bondeville (76). 

Christophe Wargny a écrit une quinzaine de livres. Il a été tour à tour ou en même temps historien, éditeur, journaliste, maître de conférence en sciences de l’information, directeur de la communication au Conservatoire national des arts et métiers, conseiller d’un président haïtien, commissaire d’exposition, animateur d’une ONG et… citoyen et humaniste engagé. Il est l’un des meilleurs connaisseurs d’Haïti.

C’est au cœur de la Normandie, à Valmont, son village natal situé dans le pays de Caux, non loin de Fécamp, que Christophe Wargny nous emmène avec son nouveau livre, une saga de petit fermier : Le dernier paysan – un siècle d’une ferme normande. 
C’est le troisième opus d’histoires sur son village natal. Il succède à La carte, la crème et les hannetons, la vie d’un écolier normand dans les années 50 et Des élèves normands racontent leur école, cahier journal d’après-guerre.

FCDr1nSaUAABLnp

 Christophe Wargny, René Bénard - Octobre 2021-

FCDr1mfXsAoiPvF

Si l’auteur quitte Valmont pour ses études à l’âge de 13 ans, il aime y retourner et s’inspire ici d’une figure locale, René Bénard, dernier paysan du village. «  René Bénard et moi nous connaissons depuis toujours, explique Christophe Wargny. C’est un homme qui connaît son pays et aime conter et raconter, avec ses mots, ses anecdotes. Un homme qui a travaillé la terre, et n’a quitté son village que pour le service militaire. Même si je ne le vois pas de façon régulière, il a accepté de passer de longs moments en ma compagnie, soit plus de 150 heures pour me raconter la vie de sa famille et me donner son avis sur le monde ! »

La ferme, c’est celle que sa grand-mère loue dès 1917, – une petite exploitation avec ses quelques vaches, quelques cochons, sa basse-cour, son potager –, qui est exploitée ensuite par ses parents puis par René. Le propriétaire voulant vendre l’exploitation, René est amené à l’acquérir à l’âge de 62 ans et y travailler jusqu’à 72 ans, pour la payer.

Le dernier paysan, de Christophe Wargny, aux éditions Pucheux, 18 €

Bibliographie 

- La Pêche aux couteaux de Christophe Wargny et Christophe Rouil

- Haïti n'existe pas: 1804-2004: deux cents ans de solitude

- Haïti, cinq siècles après Colomb 

- Les esclaves : Du XVIe siècle à nos jours 

- Alternatives graphiques avec Jean-Bertrand Aristide et Mireille Nicolas

- Monseigneur Gaillot, provocateur ou prophète ? 
- Dignité avec Jean-Bertrand Aristide 
- A Vandoncourt , c'est tous les jours dimanche , avec Cabu
- Mairies frappées d'autogestion 
- Louviers sur la route de l'autogestion ? 
- Tout moun se moun: Tout homme est un homme avec Jean-Bertrand Aristide 
- Après bal tanbou lou : Cinq ans de duplicité américaine en Haïti (1991-1996) avec Pierre Mouterne 
- La Fidélité 
-Tap-tap Haïti avec Nicole Augereau 
-Le dernier paysan
- La carte, la crème et les hannetons - Un village normand dans les années 50
Extrait 
Tablette, clavier, manette ou souris : à voir mon petit-fils jongler d'un écran fixe à un autre, mobile, et y consacrer le plus clair de son temps de loisir, j'ai compris que, tout juste né avec le siècle, le XXIe, il était d'un monde aux antipodes du mien. Son monde à lui. Un autre monde, qu'il regarde et qui le regarde. Qu'il scrute et qui l'absorbe. Ses dix ans, à part la bicyclette et le menteur - je parle du jeu de cartes - n'ont rien à voir avec celui du milieu des années 50 quand, moi aussi, j'avais dix ans.
Un demi-siècle entre Simon et moi ! La tranchée qui nous sépare et nous égare est autrement plus large que le modeste fossé entre mon grand-père et moi. Pourquoi donc ? J'ai, pour comprendre, apprivoisé ou secoué ma mémoire. Pareil travail, avec l'aide de mes contemporains, engendre parfois des miracles. Aussi mes premiers souvenirs datent-ils de 1945 ou 46. De ces histoires dont vous êtes le héros et que la famille vous sert, vous ressert et ressasse. Tellement qu'on se les approprie.
J'avais donc un an. L'abondance des Trente Glorieuses ne perçait pas encore sous les tickets de rationnement à présenter aux commerçants du bourg. Je suçais. Je croquais. Je mangeais. Le sucre qui traînait parfois dans la cuisine à côté de la tasse de café coiffée d'un filtre. Les marrons de la cour de récréation. Les groseilles vertes du jardin. Ou le pain dur, parfois moisi, destiné aux lapins et imprudemment laissé dans un coin. Non pas qu'on ne me donnât pas assez à manger. Au contraire. J'avais sans doute intégré ce besoin inextinguible d'ingurgiter, cette insatiable faim ressentie par mes parents, certains après-midi de l'Occupation. Ce souvenir allait pour longtemps alimenter les conversations des adultes, justement quand les ventres furent enfin repus.
- Encore un qu'les Boches auront pas, concluait, réjouie, ma grand-mère en fin de repas.
Ce plaisir à manger tout ce qui me tombait sous la main allait me donner un estomac accueillant, presque blindé, quand je rencontrerais plus tard les fruits, les feuilles et les céréales, mûrs ou pas, ramassés ou cueillis dans les vergers, les bois ou les champs.
Abdelkarim Belkassem 

51TgdO4ULgL

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Voilà du beau monde à Notre -Dame de Bondeville ! J'aurais aimé l'y rencontrer . Ses livres me plairaient.<br /> <br /> Bises
Répondre
Publicité