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Plume et Kalam - Abdelkarim Belkassem
9 juillet 2015

Un message de Jacques Flament , éditeur

 

lisans-titre

Je relaie le coup de gueule de Jacques Flament , éditeur :

COUP DE GUEULE !…

Coup de gueule donc… pour afficher clairement et ouvertement des regrets envers la politique de certains libraires et organisateurs de manifestations autour du livre.
Coup de gueule après diverses et de plus en plus fréquentes fins de non-recevoir de certains de mes clients ou auteurs qui s'entendent dire (les clients) que nos livres sont épuisés ou indisponibles ou qu'ils n'ont pas droit (les auteurs) au chapitre et de s'asseoir auprès des soi-disant cadors du secteur.
Dès lors, soyons clairs :

1° NON, nos livres ne sont pas épuisés, il suffit de faire la démarche de nous contacter en tapant notre nom ou le titre du livre sur Internet, messieurs les libraires distraits !

2° OUI, nous produisons des livres de qualité dont les auteurs sont dignes de figurer dans des manifestations du livre, messieurs les organisateurs de foire !

J'essaie dans mes rapports oraux et écrits avec ces professionnels du livre de rester correct et courtois, en vue de donner la visibilité la meilleure possible aux auteurs qui nous font confiance. Mais il m'est impossible d'offrir ce que je n'ai pas pour satisfaire l'appétit de requins qui considèrent les livres comme des produits de consommation comme les autres, sur lesquels il faut se goinfrer de la marge la plus haute possible pour être respectable !

À cela deux raisons :
- En tant que petit éditeur, notre marge est faible étant donné les risques éditoriaux pris, les petits tirages et les prix de revient plus élevés que pour un livre lancé à plusieurs milliers d'exemplaires dans le "bon goût" du moment (c'est fou ce que les livres de cuisine prennent de place sur les étals ).
-I
l faut qu'un éditeur, fût-il modeste, une fois le choix fait de se lancer dans sa passion et le parti pris de produire des ouvrages qui empruntent les chemins de traverse, puisse vivre décemment de son métier, sous peine de disparaître avant qu'il n'ait eu la possibilité de remplir un tant soit peu la mission qu'il s'est fixée : révéler au grand jour de nouveaux talents littéraires ou artistiques. Nous existons depuis six ans, grâce à une politique éditoriale alternative et en sommes fiers.

Un petit éditeur indépendant (dont les tirages initiaux avoisinent une ou deux centaines d'exemplaires) ne peut donc pas se permettre de donner près de 60 % du prix du livre à un distributeur/diffuseur pour être présent dans la chaîne "officielle" du livre comme les grandes maisons et certaines (pas toutes, dieu merci !) qui proposent des produits qui n'ont parfois de livre que le nom.

Un petit éditeur est donc auto-diffusé et traite directement avec le libraire, qui accepte ou non ses conditions, mais qui, de toute façon sera gagnant puisqu'il a reçu une commande officielle d'un client (d'où mon incompréhension totale devant les refus de certains libraires de travailler avec nous). Il gagnera moins, certes, mais sera gagnant et remplira son rôle de commerçant !

Il est dès lors inacceptable, voire méprisant, de s'entendre dire des libraires :

- nous ne travaillons pas avec vous parce que votre remise (20 %) n'est pas suffisante !
- vous n'avez qu'à vous arranger pour produire de meilleurs auteurs qui vendront plus et vous permettront d'avoir une meilleure marge !
- j'ai des frais fixes pour ma librairie (comme si nous n'en avions pas en tant qu'éditeur !)
- l'espace que je consacre à votre auteur, je ne peux pas le consacrer à un autre qui me rapportera plus (remarque valable pour les organisateurs d'événements).

Il existe dans cette chaîne éditoriale des librairies formidables qui font leur boulot (parfois un sacerdoce) avec passion en promouvant des auteurs de qualité nichés chez les petits éditeurs. Je ne trouverai jamais de mots suffisamment forts pour les remercier de nous faire confiance. Ceux-là comprennent que nous sommes embarqués, comme eux, dans une défense de l'édition alternative et que la richesse de la pluralité culturelle, par définition, n'est possible qu'avec une diversité de propositions, fût-elle avec une moindre marge sur les textes proposés (vous remarquerez que je n'emploie pas le mot PRODUIT !).

Mais il existe aussi des marchands de soupe arrogants qui, retranchés derrière un emploi salarié ou une prospérité basée sur la facilité, se permettent de nous traiter avec mépris et de se dédouaner du moindre effort pour satisfaire leur client (alors que légalement ils sont obligés de le faire).

À ceux-là, je renvoie leur morgue et leur crie haut et fort que leur mépris, loin de nous décourager, aurait plutôt tendance à nous motiver à continuer à nous battre avec ceux de leur corporation qui nous comprennent ; enfin, que leur attitude n'honore guère le métier qu'ils sont censés défendre.
"La culture ne se mérite pas, elle se conquiert " disait naguère Malraux. Certains, et non des moindres, semblent l'oublier.
Et cela – dans une époque propice à un appauvrissement culturel au profit d'une culture de masse – est d'une tristesse vraiment navrante.

Jacques Flament

pcc Abdelkarim Belkassem

ro

 

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Commentaires
M
C'est vrai que des libraires dignes de ce ,nom, j'en connais, mais le contraire aussi. <br /> <br /> La rentabilité à tout prix est la norme en ce moment, il faut gagner de l'argent, faire des affaires et surtout gagner beaucoup d'argent, même et surtout sur le dos des autres. <br /> <br /> Par contre, j'ai écrit à une petite maison d'édition, enfin il me semble qu'elle est petite, et pas de réponse, rien. De plus, le livre que j'avais acheté avait un gros défaut. Donc je reste avec un livre qu'on ne peut pas lire. <br /> <br /> Ceci pour dire qu'on peut trouver de tout dans ce bas monde. MB2 <br /> <br /> PS : il me semble que je n'ai pas ton adresse pour acheter ton livre. Merci
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B
Ton libraire n'a peut être pas voulu travailler avec une centrale d'achat avec laquelle il n'est pas abonné ..<br /> <br /> J'essaie de montrer dans ce blog des aspects méconnus du livre et de l'édition.<br /> <br /> Gros bisous à partager aussi .
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P
Coucou Karim,<br /> <br /> Jusqu'à présent ce n'est qu'à une seule occasion que je n'ai pas pu obtenir ce que je souhaitais de mon libraire et j'avoue ne pas avoir très bien compris la raison...<br /> <br /> Avec tes billets, tu fais un très intéressant tour d'horizon du sujet "Edition". J'apprécie tes explications ;-)<br /> <br /> Gros bisous à partager et bonne fin de soirée.
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